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Décarbonation : transformer la contrainte en opportunité

La France s’est engagée à atteindre en 2050 la neutralité carbone.

Pour limiter la hausse des températures, il est nécessaire de diminuer les rejets de gaz à effet de serre et de réduire la consommation d’énergies fossiles. À l’origine de 20 % de ces émissions de GES, l’agriculture est pleinement engagée dans cette décarbonation.

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La France s’est engagée à atteindre en 2050 la neutralité carbone, nécessaire pour limiter la hausse des températures. Pour l’agriculture, comme pour tous les secteurs d’activité, il va falloir mettre les bouchées doubles pour décarboner et réduire les rejets de gaz à effet de serre. Lors des Assises de l’agriculture et de l’alimentation, spécialistes et agriculteurs se sont essayés à dessiner l’exploitation décarbonée de 2050 : des équipements qui fonctionneront avec de l’électricité verte et non plus gasoil, une exploitation elle-même productrice d’énergies et qui stockera du carbone dans ses sols et ses haies, avec des liens renforcés entre productions du animales et végétales. « Sans oublier de conserver de l’agilité face au changement climatique », conseille Thierry Caquet, vice-président de l’Inrae.

Utiliser et produire des énergies vertes

Certains travaillent déjà à se rapprocher de ce modèle. « Nous avons choisi d’anticiper plutôt que de subir des mesures obligatoires, explique Cindy Chauviré, installée avec son mari dans le Maine-et-Loire. Quand nous avons installé des robots pour la traite et l’alimentation de nos vaches laitières, c’était pour améliorer nos conditions de travail mais aussi pour remplacer du gasoil par de l’électricité verte, comme celle que nous produisons avec nos panneaux photovoltaïques. Dans le même objectif de remplacer une énergie fossile, le gaz, par une énergie décarbonée, le biogaz, nous faisons partie d’une unité collective de méthanisation ».

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’alimentation est un levier important, par exemple en privilégiant des matières premières locales. « Ma coopérative, la Cooperl, a fait le choix de ne plus utiliser de soja déforestant, cite en exemple Olivier Judil, producteur de porcs à Lamballe (22). Au niveau de l’élevage, nous travaillons à une alimentation individualisée pour donner la juste dose à chaque animal et limiter les rejets. L’arrêt de la castration est un autre levier. Nous l’avons décidée pour le bien-être animal, mais la meilleure valorisation de l’alimentation par les mâles entiers fait que la castration diminue de 8,6 % leur empreinte carbone ».

En profiter pour mieux partager la valeur ajoutée

Si des pistes techniques se dessinent pour la décarbonation des exploitations, cette transition a un coût, en investissement comme en formation. « Les producteurs ne devraient pas avoir à l’assumer seuls, estime Thierry Caquet. Produire avec une moindre empreinte carbone sert toute la filière ». La décarbonation devrait même être un atout pour une meilleure valorisation. « C’est une assurance pour l’avenir, souligne Cindy Chauviré. Être décarboné pourra faire la différence pour accéder aux marchés ».

Le paiement pour le stockage de carbone dans les prairies et les haies pourrait apporter un complément de revenu. Mais, en attendant une réelle reconnaissance économique de leurs efforts, les producteurs misent surtout sur les améliorations techniques apportées par les changements de pratiques. « Quand on réduit ses émissions au litre de lait ou au kilo de viande produit, en général on améliore ses performances technico-économiques », confirme Benoit Rouillé, responsable du service climat à l’Institut de l’élevage.

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